Des recettes de réussite en mathématique
Par Luc Lagarde, conseiller pédagogique pour le Service national du RECIT, mathématique, de la science et de la technologie
La réussite en mathématique se présente sous différentes formes : scolaire, social, personnel, professionnel et encore plus. En tant que conseiller pédagogique au RÉCIT pour la FGA, j’aimerais bien avoir La recette secrète afin d’amener tous les élèves vers la réussite, mais comme plusieurs, je cherche toujours celle que je pourrais appliquer à tous les élèves. Certes, cela ne veut pas dire que je ne trouve rien. J’ai le privilège de rencontrer, de réfléchir et de collaborer avec des professionnels dynamiques. Je peux vous partager quelques ingrédients découverts au fil de mon expérience, de mes lectures, de mes sessions de perfectionnement, et surtout de mes cogitations avec d’autres collègues.
Tout d’abord, les ingrédients incontournables de base sont deux des fondements du Référentiel d’intervention en mathématique. Le premier est « Donner du sens à la mathématique en s’appuyant sur la compréhension des concepts et des processus mathématiques ». Ça me fait un peu penser aux recettes de ma grand-mère. Un peu de ceci avec une pincée de cela, tu brasses, mais pas trop et tu ajustes selon le goût. Un peu comme avec grand-maman, il est impossible d’avoir une liste d’ingrédients et de techniques claires à appliquer et à réappliquer. Il faut passer du temps avec elle en cuisine pour donner du sens à ce qu’on fait et pour mieux comprendre comment et pourquoi ça fonctionne. La classe de mathématique est un laboratoire d’expériences scolaires, mais elle est avant tout une expérience humaine.
Le deuxième fondement est de « Recourir à la résolution de problèmes selon différentes intentions ». Pensez-vous que le succulent gâteau au chocolat de grand-maman a toujours été aussi délicieux? Probablement pas! C’est la même chose en classe. C’est par la réflexion, la manipulation et le questionnement que ma grand-mère réussit à adapter ses recettes, même pour Georges qui est diabétique. C’est en demandant à un collègue son point de vue, en discutant avec l’orthopédagogue, en questionnant les élèves sur la manière dont ils désirent apprendre qu’on réussit à avoir une recette qui perdurera dans le temps. Un climat de classe favorisant l’engagement cognitif et la participation active des adultes permet aussi que l’expérience d’apprendre prenne tout son sens.
Chaque centre peut avoir sa recette locale. Dans une région, on m’a fait part d’un procédé pour assaisonner un plat de la réussite avec la mise en place d’activités pour les élèves qui sont offertes sur l’heure du midi. On y retrouve notamment des projets d’impression 3D. De la création d’un porte-clés à la fabrication de pièces d’un jeu d’échecs, les élèves explorent, recherchent, mesurent, calculent, essaient et recommencent! Ça ne fait pas partie du programme, mais ça tisse des liens avec et entre les élèves. Parce qu’il ne faut pas nécessairement être inscrit en mathématique pour participer. Il semble même que certains élèves craignent de s’absenter de l’école pour ne rien manquer! La présence d’enseignants et d’intervenants à l’extérieur des heures de cours et des locaux de classe fait toute la différence. Un réel sentiment d’appartenance se crée et cela impacte positivement les apprenants et les intervenants.
Dans un autre centre, on affiche au mur les accomplissements (petits et grands) de tous. Cette valorisation collective, appréciée des élèves, favorise l’engagement et rehausse le goût de cette fameuse réussite. La réussite devrait-elle se résumer à un résultat chiffré? Non. La réussite, c’est quand une personne apprend, réussit, mais surtout se relève.
Pour plusieurs élèves, leur relation avec la mathématique n’est pas toujours des plus belles. Il est donc important de leur offrir un environnement où il est possible de se sentir bien et en confiance. Le bien-être à l’école est une clé des clés de la persévérance et a une incidence sur l’engagement cognitif.
La classe étant un peu comme une cuisine, nous avons des plats pédagogiques gagnants qui ne devraient pas être changés et d’autres, qui devenus un peu trop routiniers, mériteraient d’être revisités. Les besoins des élèves évoluent et c’est pourquoi, plus que jamais, le travail d’équipe est nécessaire pour favoriser la réussite de tout un chacun. Au-delà du programme, au-delà des manuels scolaires et des évaluations, il y a l’humain et c’est pour lui que l’on travaille.
Par chance, il y a des ressources et des collègues qui peuvent servir de référence. Les collègues immédiats, les intervenants SÉC, les conseillers pédagogiques, les directions sont à portée de main et leurs réflexions peuvent nous aider à nous ajuster. L’Équipe-choc pédagogique du Carrefour FGA-FP et les Formations nationales mathématiques. Les 26 communautés actives des Après-cours sont aussi une façon d’aller plus loin ensemble. Les congrès et les colloques concernant la pédagogie, les mathématiques ou l’humain nous amènent toujours plus loin.
En terminant, voici un petit défi en deux temps. La première partie du défi consiste à réfléchir à un geste concret à poser pour parfaire l’un de vos plats de la réussite dans votre classe ou centre. Pas besoin de penser à un repas cinq services, cela peut être un petit amuse-gueule. Comme deuxième partie du défi, osez partager vos idées qui font la différence dans l’un des forums du salon national des enseignantes et des enseignants sur la plateforme Moodle de la FGA. Impliquer les CP RÉCIT locaux et nationaux est aussi un geste de plus pour rendre l’expérience d’apprendre en mathématique plus engageante. Le numérique au service de l’apprentissage.